
Open finance : FiDA va-t-il bouleverser l’industrie bancaire ?
Depuis l’entrée en vigueur de la directive PSD2 en 2018, l’Europe a amorcé une transformation profonde de la finance : l’open banking. Ce dispositif a permis aux consommateurs de partager leurs données bancaires avec des tiers agréés, favorisant l’innovation et la concurrence. Aujourd’hui, l’Europe s’apprête à franchir une nouvelle étape : le FiDA (Financial Data Access Regulation). Plus qu’une simple extension, FiDA constitue une véritable révolution réglementaire, technique et stratégique pour l’ensemble de l’écosystème financier.
1. FiDA : qu’est-ce que c’est ?
Le FiDA est un règlement proposé par la Commission européenne, encore en cours de discussion, qui vise à instaurer un cadre harmonisé pour l’open finance. Contrairement à la PSD2 qui se limite aux comptes bancaires et paiements, FiDA ouvre l’accès à un large éventail de données financières : crédits, hypothèques, assurances, placements, retraites, épargne, services immobiliers, crypto-actifs… L’objectif est clair : offrir aux consommateurs un contrôle total sur leurs données, tout en ouvrant de nouvelles opportunités pour l’innovation et la concurrence.
Ce cadre repose sur des principes forts :
- Consentement explicite du consommateur pour chaque partage de données.
- Portabilité et interopérabilité des données.
- Sécurité et transparence.
- Égalité des règles pour tous les acteurs, qu’il s’agisse de banques traditionnelles ou de fintechs.
2. Calendrier et étapes clés
L’adoption du FiDA est attendue pour 2025, avec une mise en œuvre progressive :
- 18 mois après adoption : création et enregistrement des FISPs (Financial Information Service Providers) et premières structures de partage de données.
- 24 mois après adoption : ouverture complète des données financières entre institutions et tiers agréés.
Cela signifie que 2027 pourrait être l’année où l’open finance deviendra une réalité concrète pour les citoyens européens.
Ce calendrier impose aux acteurs financiers une préparation technique et réglementaire dès maintenant, pour anticiper cette transition majeure.
3. Enjeux et opportunités
Pour les consommateurs :
- Plus de transparence : comparaison plus facile des produits financiers.
- Plus de contrôle : gestion simplifiée des permissions de partage de données.
- Des services personnalisés : offres adaptées aux besoins et profils financiers.
Pour les fintechs :
- Un accès direct à des données riches et variées, permettant de créer des solutions innovantes (analyse de risque, gestion patrimoniale, agrégation de services).
- Un terrain fertile pour développer des modèles de services centrés sur l’utilisateur.
Pour les institutions financières :
- Un défi technique : adaptation des infrastructures IT et des API.
- Un défi réglementaire : conformité aux exigences de sécurité, de transparence et de gouvernance des données.
- Une opportunité stratégique : repenser les modèles d’affaires et créer de nouvelles offres basées sur l’open finance.
4. Défis et risques
La mise en œuvre de FiDA ne sera pas sans défis :
- Complexité technique : garantir l’interopérabilité et la sécurité des flux de données.
- Protection des données : maintenir la confiance des consommateurs face à une ouverture accrue.
- Charges réglementaires : coûts de conformité et besoin d’adaptation rapide.
- Coordination européenne : harmonisation des normes dans un cadre transnational.
La réussite dépendra de la capacité des acteurs à trouver un équilibre entre ouverture des données et protection des utilisateurs.
5. Perspectives : vers une finance plus ouverte et plus centrée sur l’utilisateur
Le FiDA n’est pas simplement une évolution réglementaire : c’est un changement de paradigme. Il place la data financière au cœur de la stratégie des acteurs de la finance, en transformant la relation entre consommateurs, banques et fintechs.
Pour Esmoz, acteur engagé dans la transformation numérique de la finance, FiDA représente une opportunité stratégique majeure. C’est un signal clair : la finance de demain sera plus ouverte, plus transparente, plus agile et plus centrée sur l’utilisateur.